Biographie de Jeannette Weiss Gruber
Biographie
Jeannette Weiss Gruber, née le 1ᵉʳ juillet 1934 à Paris, est une peintre-verrier française. Elle est la fille du maître-verrier Jean-Jacques Gruber et la petite-fille de Jacques Gruber, figure de l’École de Nancy. Elle est la mère de Frédéric, Camille et François Weiss.

Formation et carrière
Dans l’atelier familial, elle côtoie très tôt des vitraux anciens, cachés et conservés sous l’autorité de son père durant la guerre, puis déposés au château de Champs-sur-Marne à la Libération. Certains seront replacés sur site. À dix ans, elle se promet de faire « plus joli » que les vitraux de l’atelier.

À onze ans, une pierre de 30 kg écrase sa main droite : réimplantée après douze heures de train, la main est sauvée mais le poignet reste un peu de travers. « Para-artiste », dit-elle ; elle se forge une gestuelle singulière.
Après la guerre, elle assiste à la repose des vitraux de Chartres, non pollués, avec ses amies d’enfance ; à dix-huit ans, elle découvre émerveillée l’Arbre de Jessé (Le Prince) au pavillon de Marsan, ainsi que des vitraux de Chagall pour Hadassah. Elle admire les vitraux des grands peintres, particulièrement ceux de Miró à Senlis.

De 1954 à 1969, elle travaille dans l’atelier familial, où elle a le privilège de voir de près des vitraux anciens en restauration. La reconnaissance lui est d’abord difficile au sein de l’atelier familial, dominé par la figure du père et du frère.
En 1969, elle part au Québec avec son mari et ses enfants (1969-1973) et travaille la lumière comme elle travaillait la grisaille sur ses vitraux. Demandée par les usines Alcan, elle expérimente l’aluminium oxydé et des pigments issus de la teinture lainière : naissent ses aluchromies (peintures sur aluminium).

De retour à Paris en 1973, elle enseigne l’histoire de l’art pour une école américaine. La même année, elle reçoit le diplôme des Arts et Métiers pour la coupe et le montage des vitraux. En 1980, elle reprend une partie de l’atelier familial à la villa d’Alésia. Elle adopte la signature JWG. Elle se fait aider pour le montage, la coupe du verre et la pose par d'anciennes élèves qu'elle a connues au Métier d'Art et par deux maîtres-verriers.

Technique et approche
Dès 1958, elle met au point une méthode combinant peignes et éponges, complétée selon les projets par blaireaux et pinceaux — procédé employé notamment pour les deux baies de la chapelle Saint-Joseph de la cathédrale primatiale Saint-Jean de Lyon (1978). Le blanc et le bleu sont ses couleurs de prédilection, avec un travail attentif de la grisaille.
Elle tient à travailler à la lumière du jour, seule condition — selon elle — pour juger honnêtement la matière et la vibration chromatique du verre. Elle s'exprime plus librement en hauteur, là où il y a moins de contraintes.
Elle pratique aussi une visualisation originale : regarder ses vitraux avec des jumelles à l’envers pour anticiper l’effet à distance in situ et optimiser l’insertion des vitraux dans l’édifice.

Pour elle, les trois quarts de son travail, c’étaient ses yeux.
Aymeric Zublena (Médaille de la Restauration, 2001) résume son intention : « Insérer ses créations en s’imprégnant du cadre architectural et de la lumière, dans une recherche d’harmonie avec les vitraux existants, en évitant tout pastiche. » Selon lui encore, de 1955 à aujourd’hui, elle navigue entre figuration, allusion et abstraction, privilégiant toujours le dialogue avec le contexte et le public.
Jeannette dit : « Le vitrail est dans ma peau ; quand je fais mes cartons grandeur, la mise en plomb est déjà là (pour ma mise en place sur calque). »

Donations et archives
Elle a procédé à de nombreuses donations liées à l’œuvre de son grand-père Jacques Gruber et à son propre atelier (cartons, maquettes, dossiers des situations pour les monuments historiques et dossiers de restauration) à la Médiathèque de l’Architecture et du Patrimoine (Ministère de la Culture, 2005).
Elle a également fait restaurer le vitrail bombé situé au-dessus de la porte intérieure de l’atelier (ancien atelier Jacques Gruber) et l’a donné au Musée des Arts décoratifs (Paris). En 2022, elle y a déposé le vitrail des Mouettes.
Réception et reconnaissance
Elle apprécie la reconnaissance des DRACS, des inspecteurs en monuments historiques et des architectes en chef et de ses amies historiennes du vitrail qui l'ont vue travailler. À plus de 90 ans, il lui arrive encore de se réveiller la nuit, préoccupée par ces sujets.
En 2001, la Fondation de l’Académie d’Architecture lui décerne la Médaille de la Restauration, qui salue l’excellence de son œuvre en création et en restauration ainsi que sa contribution au renouvellement de l’art du vitrail en France.

Jeannette marche